Emma Bonelli est ce qu’on appelle une « masnà », c’est-à-dire une « petite », une domestique.
Née en 1915, dans une famille paysanne du Piémont, on la marie très jeune au fils Francesi, une famille de propriétaires terriens, dans l’obligation de caser un fils boiteux, savetier de profession.
Pas vraiment un mariage d’amour, mais pas question pour Emma de pouvoir refuser cette union qui lui permet de faire son entrée dans un milieu beaucoup plus aisé que le sien.
Après la cérémonie, la jeune femme s’installe avec son époux dans la maison de ses beaux-parents. Une grande demeure où elle se sent très seule pour faire face à sa belle-mère, méchante et jalouse, pour faire face aussi aux agressions sexuelles de son beau-père.
Ce n’est pourtant pas ça qui va lui faire baisser les bras et l’abattre. Au contraire.
Emma a en elle une rage de vivre et une volonté qui font que, petit à petit, mine de rien, sans qu’elle s’en rende compte, c’est elle qui va devenir la maîtresse de maison, et gardera pour elle ses désirs de liberté, en les reportant sur sa propre fille …
Raté encore une fois : en se mariant, Luciana laisse elle aussi tous ses rêves de côté. Dorénavant, il n’y aura plus que les aspirations personnelles de son mari qui compteront.
Reste Anna, la fille de Luciana, la petite-fille d’Emma qui voit le jour dans les années 70…
Connaîtra-t-elle enfin l’indépendance à laquelle sa mère et sa grand-mère ont tant rêvé ?
Vous le découvrirez dans ce roman qu’on ne lâche pas.
Grâce à son écriture fine et élégante, grâce aussi à la construction de son récit, Raffaella Romagnolo vous fera passer un excellent moment de lecture à travers ces trois portraits bouleversants, de trois femmes qui ont traversé toute l’histoire de l’Italie de cette deuxième moitié du vingtième siècle.