Nous sommes dans un des quartiers élégants de Göteborg, en 1867.
Là où viennent de s’installer Léonard Sèzeneau avec son épouse anglaise, quelque temps avant leur divorce.
Léonard, quarante ans, professeur de français, anime aussi à l’occasion des conférences sur la littérature française. Et c’est lors d’une de ces présentations sur Madame Bovary qu’il fait la connaissance d’Hulda, 17 ans, Hulda, la très timide fille de riches banquiers, les Christiansson.
Quelques semaines plus tard, la jeune femme demande à son père de pouvoir prendre des leçons de français avec ce professeur dont on dit le plus grand bien en ville.
Sa demande est exaucée et son entourage familial ne peut que constater les bénéfices de ces cours particuliers sur l’épanouissement d’Hulda, « la jeune fille a depuis quelque temps quitté l’expression d’ennui maussade qui était la sienne depuis son retour du pensionnat. »
Petit à petit, on comprend qu’Hulda est attirée par Léonard, et bien évidemment, les choses se précipitent.
« Hulda a-t-elle osé, elle, la jeune fille sage, se glisser dans l’appartement abandonné par la malheureuse Anglaise ? De quelle façon les amants se sont-ils retrouvés, en quels lieux ? Personne n’a rien vu. Toujours est-il qu’au printemps 1868 le scandale éclate, soit qu’ils aient été surpris, soit que la petite a parlé à sa mère : elle est enceinte. Un coup de tonnerre pour la famille du banquier … »
Inutile de préciser que Léonard est limogé sur le champ, même s’il a formulé une demande en mariage et que Hulda est cloîtrée dans sa chambre … Mais la jeune femme est déterminée : elle menace de se tuer si elle ne peut pas le rejoindre.
Quelques mois plus tard, elle donne naissance à un petit garçon, et la petite famille revient en grâce auprès des parents banquiers. Le père se chargeant même de trouver un travail plus lucratif à son beau-fils qui réussit à développer les affaires qui lui ont été confiées au delà de toutes les espérances.
Les années passent, Hulda accouche d’un deuxième petit garçon, puis d’une petite fille et est enceinte une fois encore. C’est à ce moment-là que Léonard, très souvent éloigné par son travail, décide de chercher une gouvernante pour soulager son épouse, et l’aider dans l’éducation de leurs enfants.
Ce sera Livia, qui sera engagée.
Livia, vingt-deux ans, de la personnalité, de la prestance. Tout ce qu’il faut pour tenir une maison et veiller à l’éducation de bambins turbulents.
La jeune gouvernante fait donc son entrée dans la famille.
Très vite, elle se rend quasi indispensable.
Hulda peut enfin souffler un peu et voit en elle une véritable amie, sa seule confidente. Léonard, lui, ne peut qu’essayer de dissimuler la complicité qu’il développe en sa compagnie et les enfants l’adorent. Très vite, Livia est adoptée par tous et devient bien plus qu’une simple gouvernante.
Mais les affaires de Léonard ne vont pas bien. Il décide de s’installer en France, avec toute sa famille. Livia est de la partie également. Curieux quand on sait les difficultés financières auxquelles doivent faire face les Sèzeneau.
Pourquoi Livia les a-t-elle accompagnés dans cette sinistre maison à Meudon, pourquoi accepte-t-elle d’être le témoin de ce déclin,? Quels sont les secrets qu’elle porte en silence, sans jamais se plaindre ni exiger quoi que ce soit ?
C’est à lire dans ce magnifique roman de Marie Sizun.
Un roman d’amour, d’attirances, porté par une écriture d’une élégance rare.
Avec pudeur et retenue, avec tendresse, avec grâce et beaucoup de ferveur aussi Marie Sizun raconte l’histoire de sa famille, de ses ancêtres franco-suédois, en essayant d’être la plus proche possible de la vérité, malgré un certain mystère qu’elle n’a pas pu percer, faute d’archives suffisantes.
On ne peut qu’être séduit(e) par cet ouvrage au charme délicieusement désuet.