A 26 ans, au printemps 2011 , après 4 années d’études universitaires pour être professeur d’anglais, Rebecca n’a pas encore fait grand chose de sa vie.
Sans boulot fixe, ni projet concret, il va bien falloir qu’elle se secoue un peu si elle veut pouvoir continuer à payer le loyer de sa colocation à Washington.
Même si elle cumule cinq emplois très mal payés et complètement précaires, ses économies fondent à vue d’oeil, et l’horizon est plutôt sombre pour la jeune femme.
Sans trop d’espoir, elle répond à une petite annonce : à première vue, une offre d’emploi pour un poste de sténo-dactylo dans un cabinet juridique.
Quelques jours plus tard, alors qu’elle vient de louper le rendez-vous avec la personne qui engage, elle reçoit le message suivant : « Par souci de transparence, je tiens à vous informer qu’il s’agit d’un poste à la Maison Blanche et que vous seriez amenée à voyager aux côtés du président à la fois aux Etats-Unis et à l’étranger. Dites-moi si cela change quelque chose pour vous. »
Et Rebecca apprend très vite de quoi il s’agit : il faudra enregistrer les interviews, les séances d’information, les conférences de presse et les discours, et puis les taper.
Non, il ne faudra pas taper en direct, et non il ne faut pas connaître la sténo. « La discrétion et la précision sont plus importantes que la vitesse. »
En fait, Rebecca devra, plus ou moins, suivre le président Obama dans tous ses déplacements, pour alimenter les archives présidentielles.
Inutile de dire qu’elle s’empresse d’accepter le poste.
Même si elle pense qu’il ne s’agit pas du job du siècle, même si elle va gagner sa vie en tapant des textes, Rebecca commence tout doucement à se rendre compte qu’elle va vivre des moments historiques aux côtés de POTUS, the President Of The United States, et que surtout, elle va être payée pour ne pas parler, ce qui dans son cas sera un véritable exploit.
Direction donc la Maison Blanche pour devenir l’ombre du président, enregistreur et micro à la main.
Très vite, Rebecca va se faire à sa nouvelle vie, entre deux points presse ou entre deux voyages au bout du monde à bord d’Air Force One.
« Je repère mon siège. Dans le porte-gobelet, un petit carton indique en lettres bleues : « Bienvenue à bord d’Air Force One, mademoiselle Dorey-Stein. » Je n’en reviens pas que ce soit ma vie. J’adore ma place près du hublot. A côté du mien, il n’y a qu’un siège… Les sièges peuvent s’incliner horizontalement. Et j’ai toutes les prises nécessaires à mes pieds. Sur la tablette devant moi, je trouve la presse du jour plus un petit plateau de friandises … »
Les mois passent, les années aussi : des années complètement folles pour la jeune femme qui ne voit pas le temps passer.
Elle qui carbure à présent à l’adrénaline, à l’autodérision, et à la vodka parfois, pour décompresser et oublier qu’elle a laissé sa vie personnelle sur le côté…
C’est une incroyable plongée dans les coulisses de la présidence Obama que nous propose Rebecca Dorey-Stein. Rebecca Dorey-Stein qui a démissionné de son poste, deux mois après l’arrivée de Donald Trump.
Avec beaucoup d’humour, de lucidité, et de talent, il faut le reconnaître, elle réussit à faire en sorte qu’on endosse nous-mêmes ce rôle de sténo pour découvrir les rouages de la politique américaine.
Et on comprend mieux pourquoi « Good morning Mr President » a été si bien accueilli par la critique aux Etats-Unis.
Le New York Times parle de « Bridget Jones à la Maison-Blanche ». Il y a un peu de ça, c’est vrai.
Et c’est probablement dû à la personnalité de Rebecca, qui au départ ne devait pas trop correspondre à la fonction recherchée.
Et puis ici, autant prévenir tout de suite, pas question de se prendre la tête : il ne s’agit pas de mémoires politiques, mais bien du quotidien d’une des assistantes de l’ombre du président : de sa vie à elle, de son ressenti personnel, de ses attentes, de ses espoirs. Rien d’autre.
Juste que ce quotidien assez exceptionnel, par la personnalité du boss de Rebecca, nous permet de nous glisser dans cet endroit qui nourrit tant de phantasmes et dont les coulisses restent si méconnues du grand public.
Tout est vrai dans ce qu’elle a écrit. A quelques noms et quelques traits de caractère près.
Rebecca Dorey-Stein explique qu’elle a dû utiliser quelques pseudonymes pour qu’on ne puisse pas identifier certaines personnes et pour protéger la vie privée d’autres.