Anna Capaldy, pas encore 40 ans, ravissante de l’avis général, est éditrice dans sa propre maison d’édition, une maison qu’elle a créée avec son meilleur ami il y a une quinzaine d’années.
Mère célibataire de deux garçons, elle est plutôt heureuse.
Son boulot lui plaît. Sa situation matrimoniale également : elle aime les hommes et compte sur le sexe pour s’amuser dans la vie.
Rien de plus.
Ses seules faiblesses résident dans son enfance : ses parents qu’elle juge déprimants, repliés sur eux-mêmes, avec qui elle a peu de contacts, ce qui lui manque beaucoup.
L’autisme de son fils Hugo ne représente pas une autre faiblesse pour elle, mais bien une force.
Paul Landersonne, lui, a un peu plus de 40 ans. Il est paysagiste, à la tête d’une affaire prospère qui l’oblige souvent à refuser des chantiers.
Père de deux enfants également. De deux mères différentes. Il ne sait plus trop quoi penser des femmes et de l’amour. Ce qui l’intéresse plus que tout, c’est protéger sa tranquillité d’esprit jusqu’à la fin des temps.
Mais il ne crache certainement pas sur une aventure.
Anna et Paul se rencontre lors d’un dîner.
Quelques jours plus tard, alors qu’ils se sont à peine parlé, Paul invite Anna au restaurant. La conversation met un peu de temps à se mettre en route, comme s’il étaient un peu gênés d’être là assis là, l’un en face de l’autre.
Un moment qui ne dure pas longtemps.
Elle aime la ville, lui la nature. Elle aime la mer, lui la campagne. Elle lit beaucoup, lui peu. Elle fréquente les théâtres, lui les cinémas. Elle adore les chats, lui les chiens. Elle est bordélique, il est maniaque. Elle se couche tard, il s’endort tôt. Elle fait la grasse matinée, il se lève à l’aube. Elle dort mal, lui comme un bébé. Elle est de l’hiver, lui du printemps. Elle goûte les bourgognes, lui les bordeaux.
Qu’importe si tout semble les opposer.
Pour le moment, il n’y a que cette attirance qui compte. Si forte.
Tellement forte qu’elle va les pousser à renoncer à la solitude qu’ils appréciaient tant, chacun de leur côté.
Tellement forte qu’ils vont acheter une maison, faire une croix sur leur liberté chérie et s’installer ensemble : une vraie famille recomposée, avec tous ses bonheurs et toutes ses difficultés parfois.
Qu’importe, leur amour semble plus fort que tout.
Les années passent.
L’habitude s’installe. Le doute aussi.
Le doute, ce poison contre lequel on ne sait pas faire grand chose.
Parviendront-ils à surmonter ce doute et l’usure du temps, quand la passion s’est éteinte et qu’il ne reste que cette autre chose, cette autre chose si difficile de nommer et d’apprécier ?
La réponse dans ce très beau roman.
Le premier de Cécile Pivot. Qui découpe au scalpel une histoire d’amour, classique certes, mais très joliment racontée.
Avec des personnages intéressants et attachants, dans lesquels plus d’une lectrice ou d’un lecteur se reconnaîtra.
Un premier roman servi par une écriture simple, vive et efficace, qui ne permet pas l’abandon du livre avant la dernière page.
Bernard Pivot peut être fier de sa fille.