Elle, c’est Valérie. Ecrivain, journaliste et maman comblée de deux enfants de 15 et 13 ans.
Après vingt ans de mariage et une séparation qui s’est faite dans la douleur, Valérie croit qu’elle est heureuse de ce qu’elle vit depuis trois mois avec son nouvel amoureux Olivier. Un amoureux qu’elle a rencontré lors d’un salon littéraire alors qu’elle y dédicaçait son dernier roman. Depuis, ces deux-là ne se quittent presque plus.
Un jour, Valérie est conviée à un atelier dans le club de lecture d’une prison pour femmes. Un établissement où certaines sont incarcérées en préventive, dans l’attente de leur jugement, mais aussi une maison de peines : d’autres sont là pour très longtemps, sans espoir de sortie.
Cette après-midi là, les échanges avec les détenues sont riches, forts et marquent profondément Valérie, qui reçoit quelques jours plus tard une lettre d’une détenue.
Cette détenue, c’est Nathalie.
Incarcérée depuis très longtemps, et pour encore de très longues années : elle a été condamnée à 20 ans de réclusion pour un crime qu’elle a délibérément choisi de commettre, comme elle l’explique d’ailleurs elle-même.
Que faire de cette lettre ?
Y répondre ?
Faire comme si elle ne l’avait pas reçue ?
Valérie est indécise puis finit par être obsédée par ce courrier auquel elle répond enfin. Les deux femmes vont alors commencer à s’écrire, puis à se voir au parloir.
Valérie était convaincue qu’elle allait pouvoir apporter beaucoup à Nathalie. C’est tout le contraire qui se va se produire.
Avant d’être lourdement condamnée, Nathalie était psychanalyste. Très rapidement, après quelques visites que les deux femmes trouvent chaque fois trop courtes, elle comprend que Valérie traîne en elle depuis très longtemps quelque chose qui l’empêche de s’épanouir complètement. Elle comprend aussi que le nouvel amoureux de Valérie n’est peut-être pas si bien que cela : son comportement commence à friser la manipulation. Parfois la perversion.
Pourquoi est-ce que Valérie ne le remarque pas ? Pourquoi supporte-t-elle ces attitudes si blessantes ?
Nathalie va l’aider à plonger dans son passé pour commencer à y voir clair et surtout se débarrasser de toutes ces blessures qui sommeillent en elle de manière complètement inconsciente. Un travail difficile, qui plonge dans l’intime, pour révéler un amour auquel les deux femmes ne s’attendaient absolument pas.
« Une femme entre deux mondes » ou l’opposition d’un enfermement carcéral à celui d’une prison morale, la rencontre de deux femmes que tout oppose.
C’est un bien joli roman que nous propose Marina Carrère d’Encausse qui a su décrire sans aucun pathos, mais avec beaucoup de sensibilité et beaucoup de pudeur la naissance de cette amitié et de cet amour si particuliers entre ces deux femmes rongées chacune par un passé qu’il faut apprivoiser à chaque instant.
Un roman qu’on ne lâche qu’une fois la dernière page lue.