Félix est un gamin de 12 ans, plutôt bien dans sa peau.
Il vit seul avec sa maman Fatou à Belleville, où elle tient un petit troquet, appelé judicieusement « Au boulot ».
C’est là que se retrouvent des habitués, des riverains en manque de chaleur humaine. Ici, ils sont les rois, soignés aux petits oignons par la vive, pétillante, curieuse, rayonnante, expansive et gracieuse Fatou.
Fatou qui a pour habitude de trouver de jolis surnoms à sa clientèle, histoire qu’elle se sente plus à l’aise.
Fatou qui a choisi « Félix » comme prénom pour son fils unique, parce qu’elle est convaincue que « Félix » qui signifie heureux en latin lui garantira un destin enchanté.
Tout va donc très bien dans la vie de Félix, jusqu’au moment où Fatou sombre dans une profonde dépression qui s’aggrave chaque jour qui passe, sans qu’on sache trop pourquoi, puisqu’au premier regard, il ne semble pas, à priori, y avoir de raisons sérieuses qui pourraient menacer l’existence heureuse et paisible de la maman et de son fiston.
Fatou ne parle plus, elle ne regarde plus personne, ne s’alimente quasi plus non plus.
Elle commence à développer des tocs : elle se met à compter tout ce qui lui passe sous la main. Et très curieusement, elle nettoie tout, absolument tout à l’eau de javel.
Son entourage et ses plus fidèles clients, Félix, tout le monde est très inquiet. D’autant que les anti-dépresseurs prescrits par le médecin n’ont servi strictement à rien. Au contraire, Fatou va de plus en plus mal. Et c’est toujours complètement incompréhensible.
En désespoir de cause, Félix, qui ne supporte plus voir sa maman dans cet état, appelle son oncle pour qu’il revienne d’Afrique.
Avec lui, ils vont aller consulter des marabouts.
Ce qui ne sert bien sûr à rien : à part les délester de leurs économies, ces charlatans n’ont évidemment rien tenté pour améliorer l’état de la malheureuse qui fait peine à voir.
C’est alors que se pointe le Saint-Esprit.
Félicien Saint-Esprit. Capitaine de frégates. Martiniquais.
Félicien est le père biologique de Félix, qui voit cette arrivée d’un tout mauvais oeil.
Félix n’a jamais eu besoin de papa. Il n’a jamais dû partager sa maman, et il n’a aucune envie que cela change. Pourtant, il doit se rendre à l’évidence, il faut qu’un adulte prenne les choses en main et agisse.
Il y a urgence si on veut sauver Fatou.
Félix accepte donc que Félicien et lui emmènent Fatou en Afrique, là où elle a grandi, près des arbres et près du fleuve.
En espérant évidemment la soigner …
Ce voyage aux origines va-t-il pouvoir ramener Fatou à la vie d’avant et faire disparaître tous ses tourments ?
C’est à découvrir dans « Félix et la source invisible », un conte qui fait partie du Cycle de l’invisible, initié avec « Milarepa ».
Un cycle qui aborde la recherche du sens, à travers des récits tous indépendants les uns des autres, mais avec à chaque fois, un héros qui « affronte des moments cruciaux de l’existence et trouve dans une rencontre la force d’avancer », cette rencontre étant en même temps celle d’une spiritualité.
Et donc, après avoir abordé le bouddhisme tibétain, l’islam sous la forme du soufisme, le christianisme, le bouddhisme zen, le confucianisme ou encore la musique, Eric-Emmanuel Schmitt évoque l’animisme dans ce conte si doux à lire.
Un vrai bonbon. Un vrai régal.
Un vrai moment magique de lecture.
Un livre qui fait du bien.