Une drôle de fille, Armel Job, Robert Laffont

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A la fin des années 50, à Marfort, petite bourgade ardennaise imaginaire de province belge, il n’y a pas grand-chose pour troubler la quiétude des habitants, ni celle des Borj, le couple de boulangers que tout le monde connaît dans la région.

Ruben et Gilda Borj, et leurs enfants aujourd’hui adolescents, Astrid et Rémi, y coulent des jours paisibles. La boutique marche bien, ils n’ont aucun problème d’argent.

Bref, ils ont tout pour être heureux.

Ce jour-là, le 13 septembre 58, ils sont bien loin d’imaginer comment leur vie va changer quand retentit la sonnette de la porte de leur magasin qui sent bon la tarte aux prunes et les fameuses gosettes aux pommes.

Une dame souhaite parler au couple.

Une dame qui représente l’Oeuvre nationale des orphelins de guerre.

Elle voudrait que les Borj accueille chez eux sous contrat d’apprentissage, la jeune Josée, 16 ans.

Josée dont les parents, et tout le reste de sa famille ont été tués en janvier 45, durant la bataille des Ardennes.

Tous s’étaient réfugiés dans une cave à Houffalize. Ils ont péri lors d’un bombardement de l’aviation américaine.  Seule la petite fille a miraculeusement survécu.

Josée était en parfaite santé, mais souffrait d’une légère déficience mentale consécutive au traumatisme. Elle savait compter, lisait lentement, pouvait écrire quelques mots simples. Elle était très travailleuse, d’un caractère paisible, docile et joyeux.

Au départ, Ruben Borj ne semble pas vraiment enchanté par la proposition, d’autant qu’il apprend que Josée fait parfois des crises d’épilepsie, il a peur que cela fasse fuir le client. Mais Gilda réussit à convaincre son mari et Josée vient donc s’installer chez eux à Marfort.

Une intégration au sein de la cellule familiale sans problème, à première vue en tout cas.

On lui fait une chambre dans la mansarde, comme à l’époque, quand Gilda est arrivée chez les Borj, et comme Gilda, Josée aide du mieux qu’elle peut à la vente dans la boulangerie.

Elle se débrouille d’ailleurs pas mal, au grand soulagement de la patronne qui la surveille étroitement.

Un dimanche, Josée accompagne Astrid à une répétition de la chorale : c’est la révélation. L’adolescente chante divinement bien, ce qui lui vaut très rapidement une place de soliste à la messe de Noël, au grand dam de certaines, dont la jalousie va crescendo quand elles apprennent que la Reine Elisabeth, qui a entendu Josée chanter lors de la retransmission par l’INR, est tombée sous le charme de cette voix cristalline et qu’elle souhaiterait la rencontrer. Elle et deux autres filles de la chorale …

Astrid ne fait pas partie des personnes invitées au Palais …

L’ennui, c’est que la fin de l’amitié chez les filles n’est pas le retour à l’indifférence, mais le début de la haine.

Une phrase terrible qui va prendre tout son sens à Marfort, dont les habitants ne peuvent s’empêcher de colporter des rumeurs qui vont très vite créer un climat absolument détestable pour tous les membres de la famille Borj et entraîner une tension plus que malsaine au sein du couple, au sein de toute la bourgade aussi.

Quand les secrets de famille que l’on croyait enfouis à tout jamais dans le passé refont surface, lorsque le qu’en dira-t-on devient une philosophie de vie, quand les frustrations et les jalousies accumulées au fil du temps empoisonnent le quotidien, que reste-t-il de l’innocence d’une orpheline de guerre qui n’a rien demandé à personne ?

Réponse dans ce thriller psychologique impossible à lâcher une fois qu’on l’a ouvert.

Armel Job, dont on attend plus qu’impatiemment la sortie annuelle, début février,  est devenu le maître du genre.

Incontestablement un des meilleurs pour plonger dans l’âme humaine et aller gratter au delà de l’inavouable.

Un orfèvre pour exhumer toutes ces choses qu’on a tout fait pour essayer désespérément de taire définitivement.

 

Un petit bijou. Un vrai …

 

 

 

 

Auteur : leslivresdechristinecalmeau

Journaliste

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