Des coeurs ordinaires, Catherine Locandro, Editions Gallimard

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Gabrielle Lamperti, une soixantaine d’années, vit dans son appartement du quartier Montparnasse depuis toujours.

Veuve, son fils unique installé au bout du monde, en Nouvelle Calédonie, le temps est parfois long pour elle.

Et ce ne sont pas ses cours d’informatique qui risquent de briser cette solitude qui, même si elle ne veut pas trop le reconnaître, lui pèse parfois.

Alors quand elle remarque qu’une jeune femme vient de s’installer dans l’appartement juste au-dessus de chez elle, chez Sacha Malkine, un jeune ébéniste très discret, elle ne peut s’empêcher de vouloir faire sa connaissance.

D’abord, en essayant tout simplement d’engager la conversation avec elle dans le hall de l’immeuble. Ensuite, en allant sonner chez elle avec un gâteau de bienvenue.

Mais, la nouvelle voisine est du genre craintif et ne semble pas vouloir parler. Continuellement sur la réserve, Anna, c’est son prénom, n’a pas trop envie de se lier. Ni avec sa voisine, ni avec personne d’ailleurs.

La jeune femme sort peu. Elle travaille chez elle : elle est lectrice pour une maison d’édition. Elle partage son temps entre la lecture de manuscrits pas encore publiés et la rédaction de son journal intime.

J’ai pris conscience que ce carnet, que je remplis chaque soir avant que Sacha rentre du travail, était mon unique ami. J’en prends soin, je lui évite les ratures et le style télégraphique. Je m’applique. Mais, même à lui, je n’ose pas tout dire.

Très vite, on comprend qu’Anna sort d’un dépression profonde : son précédent poste d’enseignante a laissé des traces : son mental n’est pas encore revenu au beau fixe.

Je me suis retrouvée devant des adolescents qui ne voulaient pas apprendre, qui refusaient de m’écouter, pour qui je ne représentais rien, sinon une petite bourgeoise à peine plus âgée qu’eux déblatérant des inepties sur des auteurs morts des siècles auparavant, à mille lieues de leurs vies, de leur monde. Je n’ai pas su leur parler, capter leur attention. J’étais terrifiée.je me souviens avec précision du moment où j’ai craqué devant mes élèves.

Pour essayer de remonter la pente, pour tenir le coup, Anna prend des anti-dépresseurs en cachette de Sacha. Et petit à petit, elle sort doucement de cet état dépressif.

Elle semble même accepter l’amitié de Gabrielle, en se confiant un peu à elle, en lui racontant un peu de sa vie. Ce qui ne plaît pas du tout à Sacha, qui ne voit en Gabrielle qu’une vieille femme curieuse et intrusive.

Gabrielle dont l’attention est attirée par tout un tas de petits détails plutôt troublants, parfois inquiétants. Elle entend des bruits de disputes dans l’appartement du jeune couple. Elle suspecte Sacha de frapper Anna. Elle a même vu des bleus sur le visage de sa jeune voisine. Bref, elle est convaincue qu’Anna est en danger et qu’elle doit tout faire pour éviter une tragédie …

Sur quoi cette bienveillance va-t-elle déboucher ?

Ne comptez pas sur moi pour vous en dire plus …

C’est à découvrir dans ce 8ième roman de Catherine Locandro.

Une histoire qu’on lit d’une traite, impossible à lâcher.

Un roman à la construction impeccable au service d’un huis-clos mystérieux, drôlement inquiétant.

Bouleversant aussi.

Au suspense grandissant, à la tension de plus en plus perceptible au fil des pages.

Un roman d’amour également porté par une écriture  élégante, redoutablement limpide et fluide.

Des coeurs ordinaires qu’on n’oublie pas.

 

 

 

 

Auteur : leslivresdechristinecalmeau

Journaliste

2 réflexions sur « Des coeurs ordinaires, Catherine Locandro, Editions Gallimard »

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