Autant le savoir d’emblée, toutes les technologies décrites dans ce roman existent ou sont en cours de développement. Les applications et dispositifs que vous découvrirez ici sont déjà mis en œuvre dans de nombreux pays, presque identiques dans la réalité à ceux de cette histoire. Car elle ne se passe pas dans le futur : elle se passe aujourd’hui.
Une mise en garde qui s’avère terrifiante dès les premières pages…
Moïra Chevalier est du genre brillante.
Du genre bardée de diplômes : un master en sciences du langage, spécialisée en linguistique informatique, un an de formation supplémentaire au prestigieux MIT, un postdoctorat au laboratoire d’intelligence artificielle de Facebook.
C’est le profil idéal pour Ming Inc., le géant chinois du numérique, qui recrute des spécialistes en Intelligence Artificielle pour bosser sur son nouvel agent conversationnel DEUS, une espèce de SIRI de compétition, le chatbot le plus complexe jamais mis au point.
Moïra sera donc chargée de lui conférer une vraie personnalité et de vraies émotions.
En deux mots, son travail sera d’humaniser DEUS, pour en faire le plus humain des assistants virtuels jamais mis en circulation, avec un objectif on ne peut plus clair : le rendre indispensable, incontournable dans la vie de ses utilisateurs. Comme une drogue…
Un travail basé à Hong Kong où Moïra débarque assez stressée.
D’abord, faut bien dire que la ville est très impressionnante : des milliers de buildings dont plus de 300 qui culminent à plus de 150 mètres, pour donner l’impression d’une espèce de ruche de béton et d’acier où vivent des millions d’habitants, une vraie fourmilière chaotique, la ville la plus dense du monde, une ville qui ne s’arrête jamais, avec une température très élevée et un taux d’humidité qui frôle les 90%. De quoi se sentir oppressée d’emblée.
Ensuite, le job pour lequel elle a postulé constitue un vrai défi professionnel qui risque bien de révolutionner la société puisqu’il s’agit ni plus ni moins de faire de DEUS d’équivalent de ce que Google a fait avec son moteur de recherche, et Facebook avec son réseau social.
Inutile de dire que la mission est ambitieuse et complexe.
D’autant, qu’en plus de l’énorme pression professionnelle, la jeune femme ne se sent pas trop à l’aise, à la fois dans son nouvel environnement de travail, mais aussi en rue, ou chez elle : elle a constamment l’impression d’être surveillée, épiée.
Elle se demande aussi ce que peuvent bien signifier ces curieuses bribes de conversations qu’elle a saisies par hasard au boulot. Est-ce que ses collègues lui cacheraient des choses ? Car, elle en a très vite la certitude, tout n’est pas net chez Ming Inc. .
Certains employés de la société semblent littéralement terrorisés, quand d’autres connaissent une mort violente : accidents, suicides, et surtout une série de meurtres …
La liste commence à s’allonger.
La police de Hong Kong est sur les dents : ces meurtres sont l’oeuvre d’un tueur particulièrement pervers, d’une inventivité tellement démente que les flics qui enquêtent sur ces horreurs l’ont appelé le « prince noir de la douleur ».
Et ce monstre, Moïra le côtoie peut-être tous les jours sans le savoir.
Une des pistes suivies par les policiers concerne de très très près Ming Inc. …
Vous ne lâcherez pas ce thriller une seconde. Pas une.
Peut-être le meilleur de Minier.
A la fois une intrigue épouvantablement glaçante et une plongée encore plus terrifiante dans ce monde contemporain et très méconnu de l’intelligence artificielle.
Ce monde qui, on le rappelle, n’est pas de l’anticipation.
Cela se passe déjà maintenant, même si vous ne le savez pas.
Ce monde qui existe déjà via les géants de l’internet que sont Facebook, Google, Amazon. Ce monde qui pourrait nous entraîner, souvent à notre insu d’ailleurs si nous ne faisons pas preuve de vigilance, dans une nouvelle ère, toute proche de l’abîme…
Un excellent thriller donc, avec tous ses ingrédients, et une incroyable prise de conscience des dérives auxquelles pourrait nous mener l’intelligence artificielle.
Cauchemars en vue ?