Renée. Renée Ballard.
Une trentaine d’années.
Inspectrice de police à LAPD, la police de Los Angeles.
Elle fait les nuits au commissariat d’Hollywood. Uniquement les nuits.
C’est une mesure de rétorsion depuis qu’elle a osé se plaindre du harcèlement d’un de ses supérieurs. Une espèce de placard nocturne. Un service complètement à part : si elle descend bien sur des faits divers, elle ne mène pas les enquêtes.
Une fois son rapport de premières constatations rédigé, elle est obligée de passer le relais aux équipes de jour qui mèneront les investigations.
Frustrant. Vraiment.
A fortiori quand on a le caractère de Renée, bien trempé.
La jeune femme, d’origine hawaïenne est efficace dans son travail. Efficace. Volontaire. Elle est intuitive aussi et elle voit juste.
Peut-être trop pour ses collègues masculins qui ont fermé les yeux sur le harcèlement dont elle a été doublement victime.
Renée qui n’a que son travail : sans domicile fixe, elle vit seule avec son chien, dans un mini-van, ou sous tente sur la plage, après les seuls moments où elle déconnecte enfin, ses longues séances de paddle sur le Pacifique.
Encore une précision à propos de l’inspectrice : si Renée n’a pas d’adresse, elle n’a pas de mec non plus.
C’est une solitaire à qui la vie n’a pas fait de cadeau, et pourtant Renée est bien dans sa peau. Elle sait ce qu’elle veut et surtout ce qu’elle ne veut pas.
Et cette fois-ci, pas question de refiler les dossiers dont elle vient d’hériter aux équipes de jour. Elle veut s’y coller elle-même. Et tant pis pour la procédure et le règlement.
Ce soir-là, son co-équipier et elle ont d’abord été appelés sur ce tabassage en règle : celui d’un prostitué transgenre, qui a été laissé pour mort dans un parking. Le malheureux est dans un sale état, il a été plongé dans le coma. Et puis, comme si cela ne suffisait pas, il y a les 5 morts lors d’une fusillade dans un night-club de LA, dont une jeune serveuse que les secours n’ont pas réussi à réanimer.
Renée décide que ces enquêtes sont pour elle. Elle les mènera donc pendant la journée, au lieu de dormir, pour ne pas empiéter sur son travail de nuit …
Mais l’épuisement n’est pas loin …
Avec lui, de vieux démons qui vont refaire surface et cette hiérarchie décidément très difficile …
Après une trentaine de romans, c’est la première fois que Connelly donne le premier rôle à une femme.
Après Harry Bosch qu’on ne présente plus, après l’avocat Mickey Haller ou encore après le journaliste Jack McEvoy dans « le Poète », Connelly s’est décidé à écrire les aventures d’une fliquette rebelle qui n’obéit pas aux ordres quand ils sont débiles.
On peut lui dire merci d’avoir commencé à rétablir une espèce de parité qui manque cruellement dans le monde du thriller policier.
Comme d’habitude avec Connelly, le scénario est précis, les indices semés un peu partout, au fil des pages, l’écriture fluide et précise, l’intrigue bien ficelée.
Comme d’habitude aussi avec Connelly, une enquête plus vraie que nature.
Un vrai régal donc que ce nouvel opus d’un des maîtres du genre .
On se réjouit de voir comment Renée va pouvoir évoluer …
Il se murmure qu’une rencontre est prévue entre elle et Bosch. Cela risque d’être plus qu’intéressant.