Noémie Chastain.
Le capitaine Noémie Chastain.
En première ligne.
Toujours.
Ce jour-là, avec son groupe des stups, elle est en perquisition chez un dealer de la pire espèce, un de ceux qui coupe sa coke à l’héroïne, histoire que le malheureux client soit beaucoup plus vite accro.
Ce jour-là aussi, l’ordure l’attend derrière la porte, et lui tire dessus au fusil de chasse, la touche au visage : mâchoire, oeil, nez, cuir chevelu.
La jeune femme est salement amochée, sa joue droite a quasi été arrachée.
Après un mois de convalescence difficile, en essayant d’éviter les miroirs, Noémie tourne en rond dans son studio et veut reprendre son travail. Ce qui semble emmerder vachement la direction de la police judiciaire.
Un chien qui se prend un coup de pompe dans l’arrière-train mettra du temps à se laisser caresser de nouveau. Un flic qui se retrouve dans une opération qui dérape salement se met à douter du pouvoir de son flingue et de son propre groupe. Mais vous avez raison de parler de son physique, parce que son visage, ce n’est pas elle qui le voit, c’est nous. Ce sera un constant rappel du danger de notre métier et du fait qu’une équipe n’a pas réussi à protéger son officier. Ses blessures vont instiller la peur et la culpabilité, c’est pas bon. Pas bon du tout.
Malgré cela, Noémie revient dans son équipe où son petit ami, qui n’a pas eu le courage de rester avec elle quand il a vu visage, a désormais pris la place de chef, sa place à elle.
Bref la reprise est compliquée. D’autant que la jeune femme ne réussit pas son test au tir. Elle est toujours traumatisée et tremble comme une feuille son flingue à la main.
Si le moniteur est tout à fait compréhensif, l’ex vend la mèche à la direction, et Noémie est écartée, ou plutôt envoyée à la campagne, à Decazeville, dans l’Aveyron, bien loin de Paris, où les autorités envisagent de fermer le commissariat, faute de criminalité.
Sa mission sera une espèce d’audit.
Noémie n’a pas le choix. La mort dans l’âme et la rage au ventre contre son ex, elle fait ses bagages. Après 7 heures de train, elle débarque dans ce bled, qui ne ressemble évidemment en rien à la capitale.
Son installation se fait plus ou moins correctement, malgré le regard inévitable posé par ses nouveaux collègues sur ses cicatrices.
Une vie nouvelle, pour se reconstruire, c’est plus facile à dire qu’à faire…
Les jours passent. Noémie arrive doucement à la fin de son mois de mission.
Elle est en train de terminer son rapport sur le transfert du commissariat en zone gendarmerie quand on l’appelle pour la découverte d’un cadavre qui flotte dans un fût en plastique, à la surface du lac …
Très vite, on apprend que ce cadavre, c’est celui d’un enfant mort depuis des dizaines d’années … Les analyses ADN révèlent qu’il est l’un des 3 enfants disparus il y a très très longtemps. Une affaire qui avait, à l’époque, plongé les familles dans la douleur et la détresse. Un chagrin toujours bien présent et l’annonce de la découverte de ce corps déclenche à nouveau une onde de choc.
Pour Noémie, qui commence à aller un peu mieux, et qui comptait reprendre ses fonctions à Paris, c’est l’obligation de rester sur place pour enquêter sur ce cold case qui dérange vraiment beaucoup…
« Surface » est le cinquième roman d’Olivier Norek.
Après Code 93, Territoires, Surtensions, et Entre deux mondes en 2017, l’ex-flic, aujourd’hui en disponibilité, revient au polar avec ce cold case hyper bien ficelé, impossible à lâcher avant d’avoir lu la dernière page.
La plume de Norek est efficace : simple, enlevée, rythmée. On ne s’ennuie pas une seconde.
L’homme sait de quoi il parle, ça se sent à chaque instant, et c’est probablement ce qui rend ce roman particulièrement humain, puisque Norek connaît le métier. Sa fraternité, qui n’est pas un vain mot. Ses dangers aussi. Tous ses dangers. Les peurs, l’adrénaline, les blessures, les difficultés de se reconstruire, il connaît tout ça mieux que personne et son écriture fait le reste.
Avec beaucoup de pudeur, et de justesse, son héroïne nous embarque pour délivrer une prestation magistrale, dans ce roman peut-être un peu moins noir que les précédents, un roman qui laisse place à l’espoir. Et ça fait du bien.