A 35 ans, Loïc Portevin vient de revenir vivre chez sa mère : il a quitté sa femme qui le trompe avec un collègue de bureau.
Comme un malheur n’arrive jamais seul, il n’a plus de boulot non plus. Après avoir mis un coup de poing dans la figure de son rival amoureux, il a été remercié.
Il a donc du temps devant lui. Ce qui tombe plutôt bien puisque sa mère lui demande de se rendre dans la maison familiale dans le fin fond du Berry, là où vivait sa grand-mère avant son décès, pour la vider, proposer les meubles à un antiquaire, pour pouvoir la mettre en vente.
Partir à la campagne , activité que je déteste par-dessus tout, me semble soudain salutaire. Fuir ? Peut-être. Et alors ? Personne ne me courra après de toute façon. Respirer, surtout, respirer et cesser d’être un fantôme au milieu des ruines d’un monde qui était autrefois le mien et dans lequel je n’ai plus aucune place. Oui, je veux partir.
A son arrivée, Loïc trouve une maison qui n’est plus habitée depuis des mois et des mois. Il faut ouvrir les volets, brancher l’électricité, laisser entrer l’air et remplir le frigo.
Pour cela, il faut se rendre au village.
Il a à peine franchi la porte du bar tabac épicerie, que tous les regards des clients convergent vers lui et qu’on lui lance à la tête qu’il est le petit-fils de la tondue, le fils de la bâtarde…
Il y a franchement mieux comme accueil.
Je me retrouve, à 70 ans d’écart, à me balader avec sur le front le sceau de l’infamie à cause du péché commis par une grand-mère dont je peine à me souvenir.
Car Loïc ne sait que peu de choses sur cette aïeule, sa mère ne lui a presque rien dit.
Alors, quand il trouve au grenier de très nombreuses lettres que cette grand-mère Héloïse et un certain J ont échangées, durant des dizaines d’années, il ne peut s’empêcher de les lire toutes attentivement pour essayer de comprendre ce passé dont il ignore à peu près tout.
Un passé qui remonte jusqu’aux années 40, celles de la guerre.
Et en 42, Héloïse a tout juste vingt ans quand un détachement allemand réquisitionne une des fermes du village. A la grande colère des habitants, qui ne peuvent strictement rien faire pour manifester leur mécontentement.
Jusqu’au jour où un groupe de jeunes met le feu à la grange de la ferme où les allemands ont installé leur logement.
La riposte sera terrible …
Quelles conséquences cela va-t-il avoir sur la vie d’Héloïse et celle de son jeune frère ?
Et plus de 60 ans plus tard, sur la vie de Loïc ?
Loïc qui est en train de mener une enquête minutieuse pour essayer de découvrir non seulement qui est l’expéditeur de toutes ces lettres mais aussi quels sont tous les secrets et les non-dits qui hantent sa famille depuis des décennies …
C’est à lire dans ce très joli roman historique qui oscille sans cesse entre passé et présent, le présent dans la voix de Loïc, et le passé dans les pas d’Héloïse.
L’histoire est bien construite, l’écriture est enlevée, claire et précise.
L’intrigue est maintenue tout au long des 319 pages, laissant au lecteur le soin de deviner ce qui se trame au fil du temps, le soin de douter aussi et puis finalement de découvrir la chute, très élégamment amenée.
C’est un premier roman en littérature adulte pour Mélanie Guyard.
On espère qu’il y en aura d’autres.