Almah est la fille de Julius Kahn, un éminent chirurgien, chef de la Polyclinique de Vienne et d’Hannah Khitrov, la cadette d’une riche famille de banquiers.
Histoire de ne pas faire tout à fait comme son père, Almah ne veut pas être médecin : elle est étudiante en dentisterie.
Wilhelm Rosenheck, lui, a 25 ans, il est le fils de prospères imprimeurs installés depuis longtemps dans la capitale autrichienne, il ne veut pas reprendre l’affaire familiale : il veut être journaliste. Rien d’autre.
Nous sommes en 1932 quand Wilhelm rencontre Almah.
Le coup de foudre est immédiat entre les jeunes gens.
Leurs fiançailles sont annoncées quelques mois plus tard, alors que le pays rentre dans une des périodes les plus noires et incertaines de son histoire.
Le mariage est célébré en juin 35 à la Grande Synagogue de Vienne.
Les invités à la noce essaient de ne pas penser à la situation politique ni à tous leurs amis qui ont déjà quitté le pays, un pays où la liberté d’expression ne sera plus bientôt plus qu’un lointain souvenir, un pays où l’antisémitisme se radicalise et devient chaque jour plus violent.
Almah et son mari, eux, veulent essayer de continuer à vivre normalement. En octobre 36, ils saluent l’heureuse naissance d’un fils, Frederick.
Les mois passent, et la situation politique ne s’arrange pas. Au contraire, chaque jour dévoile une situation de plus en plus précaire pour la population juive.
Des écriteaux fleurissent dans les parcs, dans les édifices publics, des lettres anonymes, d’insultes ou de dénonciation atterrissaient dans les boîtes aux lettres. Les Juifs étaient diabolisés, des pestiférés en butte à l’hostilité générale et chaque jour était une nouvelle cure de désillusion.
Autour du jeune couple, leurs amis se bousculent aux frontières pour fuir, loin. Aux Etats-Unis ou en Angleterre. Un exil forcé encouragé par leurs parents, mais partir ne semble pas encore à l’ordre du jour pour Almah et Wil, tous les deux paralysés à l’idée de tout redémarrer à zéro ailleurs et de laisser une partie de leur famille à Vienne.
Mais, l’histoire s’emballe.
Le 12 mars 38, l’Allemagne nazie annexe l’Autriche. Dès le lendemain, tout le pays, et Vienne en particulier, connaît de violentes manifestations d’antisémitisme. En quelques heures à peine, des milliers de Juifs et d’opposants politiques de tous bords sont déportés.
Des familles entières se suicident. C’est l’horreur dans les rues. Les synagogues sont incendiées, les mesures anti-juives sont de plus en plus insupportables.
Nous étions exclus de toute vie sociale : théâtres, musées, bibliothèques, cinémas, salles de concerts, centres sportifs nous étaient désormais interdits. Les écoles publiques et les universités nous avaient fermé leurs portes. On nous privait de tout moyen de subsistance, nous interdisant de pratiquer nos professions.
Pour le jeune couple, la situation devient intenable.
La mort dans l’âme, ils décident de partir. Ils iront s’installer aux Etats-Unis.
Mais les choses ne sont pas aussi simples. Et c’est un terrible choc quand on leur annonce, alors qu’ils sont en Suisse, en transit, dans un camp de réfugiés de la Croix Rouge, que leurs visas américains sont des faux .
La seule solution pour eux est d’accepter de partir vers les Caraïbes, vers la République Dominicaine où le dictateur en place vient de promettre 100.000 visas aux Juifs d’Europe.
Une destination beaucoup moins attirante que les Etats-Unis, un pays où il n’y a rien, ou presque, où tout est à construire, quasi en pleine jungle, dans un environnement naturel plutôt hostile, sans aucune route ni infrastructure…
Comment la famille Rosenheck va-t-elle faire face à cet avenir qu’elle subit, meurtrie d’avoir dû quitter son pays, désespérée d’avoir dû laisser des parents à Vienne, avec ce terrible sentiment de culpabilité aussi d’être toujours en vie …
Comment Almah, Wilhelm, Frederick, et la petite dernière, Ruth, vont-ils reconstruire leur existence, et peut-être leur bonheur ?
Vous le découvrirez en lisant ce magnifique roman de Catherine Bardon.
Un roman qui marque à jamais, où l’on se lie à vie avec les personnages, terriblement attachants.
Basé sur des faits réels, le roman évoque la faculté de rebondir, la résilience, les rapports humains, l’amitié, l’amour.
Il y a tout ça dans le roman de Catherine Bardon et beaucoup plus encore.
Une fresque familiale absolument captivante qu’on lit d’une traite.
C’est probablement le meilleur poche de l’été … si pas de l’année …