Pierre Niémans, qu’on a connu dans les Rivières pourpres, est de retour.
Il y a plusieurs années, il a été sérieusement blessé physiquement, tellement amoché d’ailleurs qu’il a, tout un temps, été déclaré « invalide de première catégorie » par la Sécurité sociale.
Ne parlons pas de son moral qui en a pris un fameux coup également.
Après sa convalescence, l’administration l’a envoyé donner cours à l’Ecole de Police, puis, lui a demandé de s’occuper de cas tout à fait spéciaux.
V’là le topo, lui avait-on dit en substance, y’a de plus en plus de crimes cinglés aux quatre coins de la France, les cruchots s’en sortent pas. On va monter un Office central qui pourra envoyer des gars de Paris dans tout l’Hexagone. Des flics aguerris, détachés, au cas par cas, auprès des services de gendarmerie.
Niemans accepte, sa seule revendication : qu’on lui désigne un adjoint.
Ce sera une adjointe. Elle s’appelle Ivana Bogdanovic. Elle est d’origine croate.
Ce qui lui était arrivé de mieux depuis son retour du néant.
Avec elle, il fait route vers Fribourg-en-Brisgau, dans la Forêt Noire, en Allemagne.
Ce qui les intéresse, cette fois, c’est un meurtre qui a été commis en Alsace : la victime, s’appelle Jürgen Geyersberg, 34 ans.
Il a été retrouvé horriblement mutilé après une partie de chasse, sa tête reposant à plusieurs mètres de son corps.
Le jeune homme était le principal héritier, avec sa soeur, de la vingtième fortune allemande, une place due aux activités très lucratives de leur entreprise, VG, le leader de l’ingénierie automobile teutonne.
Chaque année, les Geyersberg organise une grande chasse à courre en France, ce qui est strictement interdit dans leur pays, une chasse où se presse toute l’aristocratie locale.
Sur la scène de crime, les premières constatations n’ont pas donné grand chose.
L’enquête s’annonce délicate, d’autant que les Geyersberg, qui sont des gestionnaires redoutables de leur empire, pèsent plus de dix milliards de dollars.
Autant d’argent ne laisse personne indifférent.
Le frère et la soeur ont plus d’un ennemi.
Même si, pour les actionnaires du groupe, éliminer Jürgen n’a pas de sens, ce serait un peu comme tuer la poule aux oeufs d’or.
Il n’empêche : les faits sont là : qui a pu en vouloir à Jürgen au point de le décapiter, et de le mutiler autant ?
Il y a bien quelques pistes à creuser, mais Niémans et Bogdanovic ne sont pas au bout de leurs surprises dans ce monde si particulier des amateurs de chasse, ou dans celui des amateurs de molosses terrifiants utilisés par les nazis, des chiens censés avoir disparu de la planète depuis des dizaines d’années, depuis la fin de la guerre et le démantèlement des « Chasseurs noirs », les braconniers d’Hitler, toujours prêts à effectuer les basses besognes du dictateur.
Niémans a toujours eu horreur et une peur panique des chiens, et cela depuis sa plus tendre enfance…
Cela ne va pas forcément l’aider dans sa quête de la vérité, et le danger est toujours présent …
Vous ne lâcherez pas ce 13ième roman de Grangé avant de l’avoir fini.
Un Grangé au top de sa forme, des personnages plus vrais que nature, attachants et si complexes, avec leurs faiblesses et néanmoins toujours cette volonté d’aller de l’avant.
L’histoire est forte, le suspense maintenu jusqu’aux dernières pages.
C’est un Grangé grand cru que ce millésime 2019.
Probablement un des meilleurs.