Tout cela je te le donnerai, Dolores Redondo, Pocket

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Alors qu’il est en train d’écrire les toutes dernières pages de son nouveau roman, Manuel Ortigosa, écrivain à succès, est interrompu par des coups frappés à la porte de son appartement madrilène.

Ce sont deux gardes civils en uniforme.

Il comprend très vite qu’ils ne sont pas là pour annoncer de bonnes nouvelles.

De fait, si les autorités se sont déplacées, c’est pour lui annoncer la mort de son mari Alvaro.

Un banal accident de circulation, d’après la police.

Sa voiture est sortie de la route, dans une ligne droite, alors que la visibilité était très bonne. Aucun autre véhicule n’est impliqué.

La police pense qu’il s’est endormi au volant, comme cela arrive malheureusement fréquemment.

A 44 ans, l’homme avait toute la vie devant lui.

Ses affaires marchaient bien, il était heureux en couple, avec Manuel qui n’en croit pas ses oreilles, mais qui doit douloureusement se rendre à l’évidence devant la dépouille de son compagnon à la morgue.

A la douleur de la perte si cruelle et si subite de l’être aimé, s’ajoute l’incompréhension totale face aux mensonges du défunt.

Parce qu’Alvaro avait annoncé à son époux qu’il partait à Barcelone pour quelques jours, le temps de la conclusion et de la signature d’un gros contrat avait-il précisé.

Or, c’est à des centaines de kms de là,  en Galice, dans sa province natale, que l’accident a eu lieu.

Là, où vit sa famille, une famille qu’il dit ne plus voir depuis des années parce qu’elle n’accepte pas son homosexualité.

Et puis, il y a cet inspecteur de police et cette médecin légiste qui laissent clairement sous-entendre à Manuel qu’Alvaro n’est pas mort dans cet accident de voiture, mais qu’il a été victime d’un meurtre. Une petite entaille au couteau, très discrète, pourrait en être la preuve.

Lors des funérailles, Manuel se rend bien compte de la puissance de la famille d’Alvaro : des aristocrates qui règnent en maîtres absolus sur ces terres galiciennes depuis des lustres. Et ça ferait très mauvais genre qu’on sache ou qu’on puisse penser qu’un de leurs membres est mort assassiné.

Visiblement, Alvaro n’a pas coupé les ponts avec eux comme il l’a prétendu si longtemps.

Pourquoi ?

Ce n’est qu’une des questions que se pose Manuel qui décide de rester quelques jours sur place pour essayer de comprendre qui était vraiment son mari.

Une décision qui ne fait pas que des heureux.

L’hostilité de sa belle famille est évidente. L’écrivain en a vu d’autres dans sa vie.

Il veut savoir. Et personne ne pourra l’en empêcher.

Même si ce séjour forcé en Galice ne sera pas de tout repos.

Qu’importe.

Manuel n’a pas le choix . C’est l’étape nécessaire pour essayer d’arriver à accepter cette disparition,  avec le risque de découvrir des choses qui le feront souffrir.

Son expérience lui a appris combien la vie peut être cruelle.

Mais il ne sait pas encore que chez ces aristocrates galiciens, on peut être aussi cupide qu’arrogant.

Une arrogance aussi détestable que tous ces secrets de famille qui remontent enfin à la surface…

Vous ne lâcherez pas ce pavé de 737 pages et tous ses rebondissements une seconde.

Les jurés du Prix Planeta, l’équivalent espagnol du Goncourt, ne se sont pas trompés en décernant, en octobre 2016,  le 65ième prix de son histoire à Dolores Redondo.

Ce roman, à la fois policier et chronique familiale d’un autre temps, se lit comme un excellent thriller.

Addictif. Touchant.

Un roman fort, très noir.

Attachant. Emouvant.

Dans cette Galice si mystérieuse, où le religieux a toujours une place prépondérante.

Comment ne pas être bouleversé par le cauchemar que vit son héros : se réveiller un matin pour apprendre la disparition de celui qu’on aime le plus, et puis se rendre compte que cet être si cher, avec qui on partage sa vie depuis si longtemps n’est pas la personne que l’on croit ?

Ne surtout pas passer à côté de ce petit bijou.

 

Auteur : leslivresdechristinecalmeau

Journaliste

2 réflexions sur « Tout cela je te le donnerai, Dolores Redondo, Pocket »

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