Dans la famille Farel, il y a monsieur, 70 ans, célèbre journaliste politique en télé, vedette sur la chaîne publique.
Monsieur n’a qu’une seule crainte, c’est qu’on lui demande de prendre sa pension pour laisser la place aux plus jeunes.
Dans la famille Farel, il y a madame aussi. 27 ans de moins que son époux.
Intellectuelle, essayiste féministe reconnue, brillante.
Engagée pour les femmes. Son avis compte.
Madame et Monsieur Farel donc.
Claire et Jean.
Un couple libre : depuis des années, leur mariage n’est plus qu’une façade pour le public.
Chacun a refait sa vie de son côté, mais les deux restent en termes corrects pour leur fils Alexandre.
Alexandre, étudiant à Stanford, une des plus prestigieuses universités américaines, voire mondiales n’a pas encore fini ses études, mais son CV est déjà repéré par des chasseurs de têtes.
C’est qu’Alexandre est un élève plutôt surdoué, un premier de classe qui savait lire, écrire et compter à trois ans.
Même s’il n’a pas toujours été bien dans sa peau, aujourd’hui, le jeune homme semble avoir réussi à surmonter son premier grand chagrin d’amour.
Tout va donc relativement bien pour les Farel, excepté les vulgaires petits tracas du quotidien.
Jusqu’au jour où une accusation de viol vient menacer cet équilibre.
Evidemment, la nouvelle sort partout dans la presse : Alexandre, lui qui était promis à un si bel avenir, le brillant fils de ce couple en vue, vient d’être arrêté par la police, soupçonné d’avoir violé Mila Wizman, la fille aînée du nouveau compagnon de sa propre mère.
Une accusation puis une mise en examen qui va déchaîner les passions.
Les répercussions seront énormes pour chacun des membres des familles concernées, tant du côté de la victime que du côté de l’accusé.
Tous sont complètement ébranlés par cette machine judiciaire qui leur tombe dessus.
Une machine impitoyable, inhumaine.
Si froide.
Un engrenage dont personne ne sort indemne.
La mère d’Alexandre est dévastée.
Claire continuait d’affirmer publiquement qu’elle était convaincue de l’innocence de son fils mais depuis qu’elle avait entendu le témoignage de Mila, elle doutait. Et s’il l’avait vraiment violée. (…) Il avait peut-être été « insistant sous l’emprise de l’alcool et de la cocaïne » …
Alors qu’il s’agit de déterminer si Alexandre est oui ou non coupable de ce viol qu’il jure ne pas avoir commis, son procès commence devant la Cour d’Assises.
En pleine période BalanceTonPorc.
En plein pendant l’affaire Weinstein.
Alexandre prétend que Mila était consentante. Elle dit qu’il l’a menacée avec un couteau.
Quelle sera l’issue de ce procès hyper médiatisé ?
Où est la vérité ?
Qui dit vrai ?
Alexandre qui ne se défend pas très bien, ou Mila, qui l’accuse en s’empêtrant parfois dans le mensonge ?
C’est à lire dans ce 11ième roman de Karine Tuil.
Un roman qu’on a beaucoup de mal à lâcher.
C’est tellement bien écrit, la construction en est redoutable, et il pose des questions tellement interpellantes qu’il en est addictif.
Addictif et assez époustouflant.
De quoi rendre la lecture de ce roman, aussi brillant que dérangeant, obligatoire dès l’adolescence.
Un roman qui bouscule sans jamais prendre parti.
C’est probablement ce qui fait sa force.
Peut-être le meilleur de Tuil, qui se retrouve une fois encore sur les listes du Goncourt …
Si vous ne lisez qu’un roman de cette rentrée, c’est celui-ci.
J’espère me donner le temps de le lire un jour. S’il est aussi fichtrement bien écrit que ta chronique, il doit être impossible à lâcher, effectivement 🙂
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Merci mais la plume de Tuil est bien meilleure que la mienne 😉
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