Derrière les portes, B.A. Paris, Livre de Poche

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Elle s’appelle Grace Harrington.

Une trentaine d’années.

Une carrière professionnelle qui la satisfait pleinement : elle est négociatrice pour le célèbre magasin Harrods à Londres, et passe son temps à parcourir le monde à la recherche de nouveaux produits.

Peut-être pour oublier que ses propres parents, qui viennent de s’installer en Nouvelle Zélande,  ne sont pas très présents, ni pour elle, ni pour sa jeune soeur Millie, bientôt 18 ans, trisomique vivant dans une institution spécialisée qu’elle devra bientôt quitter, une fois sa majorité atteinte.

Alors, quand Grace rencontre Jack Angel, elle se dit qu’elle a beaucoup de chance.

Non seulement, il est absolument charmant. Très séduisant.

Et en plus, il adore Millie.

Après quelques mois de liaison, Jack demande Grace en mariage et propose que Millie vive avec eux, dans la maison magnifique qu’il vient de faire aménager, au calme, à la campagne, non loin de la capitale britannique.

Jack, qui est avocat réputé, spécialisé dans la défense des femmes battues gagne très bien sa vie : Grace arrête donc de travailler pour se consacrer à sa nouvelle existence de maîtresse de maison.

Après leur mariage et leur voyage de noces en Thaïlande, le couple s’installe dans leur très jolie propriété.

Tout chez eux respire le bonheur : le couple fait rêver,  les voisins les envient.

Ils sont les témoins privilégiés de la vie insouciante et dorée que mène à présent Grace, qui passe ses journées soit dans son jardin, à jardiner ou à lire, soit dans sa magnifique cuisine à préparer de bons petits plats pour les recevoir, soit à peindre de magnifiques toiles …

Tous constatent aussi que Jack est si protecteur envers Millie, et tellement prévenant pour son épouse .

Bref, le tableau est idyllique.

Un mariage absolument parfait … du moins en apparence.

En apparence seulement …

Parce que ce que vous allez découvrir dépasse l’entendement …

Connaît-on vraiment nos voisins, nos amis ?

Réponse dans ce thriller psychologique que vous lâcherez très difficilement tellement vous aurez envie d’en connaître l’issue.

Un thriller rudement bien construit, alternant continuellement présent et passé, un thriller complètement glaçant, terrifiant et pourtant sans la moindre goutte de sang …

C’est le premier roman de B.A. Paris, une romancière franco-irlandaise, qui a déjà vendu près d’un million d’exemplaires de « Derrière les portes » en Grande-Bretagne.

On le comprend, c’est un vrai petit bijou.

 

Villa Taylor, Michel Canési et Jamil Rahmani, Livre de Poche

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Diane de Verneuil est le genre de femme à qui tout réussit professionnellement.

Du genre à voyager en jet privé quand c’est nécessaire.

A la tête d’une banque d’affaires parisienne, elle est efficace et redoutée.

Elle sait ce qu’elle veut. Ce qu’elle ne veut pas aussi.

Sa vie privée, en revanche, ressemble plutôt à un gigantesque échec.

Elle la résume en un mot : désert.

Elle a un compagnon, même si celui-ci ne semble pas représenter grand chose pour elle. Et elle n’a pas d’enfant : elle ne sait pas en avoir.

Mais ce qui la ronge surtout, c’est de ne pas avoir de mère, disparue depuis qu’elle est bébé.

« Comment peut-on vivre sans mère ?    Ma vie s’est tissée autour de ce vide vertigineux, de cette absence d’images, de mots, de souvenirs, autour de ce rien insupportable. Les fantômes ont des visages, ma mère est moins qu’un spectre : une abstraction, un flou brumeux. »

Cette mère, c’est Daphné, Daphné dont elle ne sait absolument rien, à son grand désespoir.

Son père est toujours resté muet à son sujet.

Comme sa grand-mère Moune, qui vit à Marrakech.

Pas un mot, pas une photo, pas un commentaire. Rien.

Le néant total, comme si Daphné n’avait jamais existé aux yeux de l’entourage de la jeune femme.

Quand Moune décède, c’est Diane qui hérite de sa maison. La très luxueuse Villa Taylor, en plein coeur du quartier Guéliz à Marrakech.

Une villa qui existe réellement, et qui vaut une fortune. Des dizaines de millions d’euros.

Qu’importe, Diane est convaincue que c’est là qu’elle va pouvoir enfin découvrir ce passé que tout le monde lui cache depuis si longtemps. Et avec ce passé, cette obsession de retrouver sa mère refait plus que jamais surface.

En tournant le dos à Paris et ses obligations professionnelles, en s’installant à la Villa Taylor, si lourdement chargée de souvenirs et d’histoire, Winston Churchill, Franklin Roosevelt, Charlie Chaplin ou encore Yves Saint-Laurent y ont séjourné,  Diane va essayer de remonter le temps.

Avec l’aide du fils du notaire chargé de régler la succession de Moune, avec Halima, la gouvernante, avec Hassan, le jardinier aveugle, avec Agathe, la vieille amie, à moitié folle de sa grand-mère, c’est toute son existence qui va défiler dans le cadre mythique de cette Villa Taylor, si chargée de secrets.

Et Diane n’aurait jamais imaginé ce qu’elle va découvrir …

Vous ne lâcherez pas une seconde ce somptueux roman.

Un roman magnifiquement écrit.

Hypnotisant.

Un vrai suspense pour cette histoire ensorcelante, à lire en buvant des litres de thé à la menthe fraîche, pour avoir encore un peu plus l’impression d’être à Marrakech.

Michel Canési et Jamil Rahmani ont réussi une incroyable performance : celle de vous transporter au Maroc pour vivre aux côtés de Diane cette recherche de vérité.

Absolument envoûtante.

A couteaux tirés, Olen Steinhauer, Pocket

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« Choisis le restaurant, j’enverrai la facture au gouvernement ».

C’est en substance ce que Henry vient de proposer à Célia, son ancienne maîtresse et ancienne collègue.

Tous les deux ont été agents secrets, membres de la CIA, basés à Vienne, en Autriche, à l’ambassade américaine.

Henry est toujours en activité.

Célia, elle, a remis sa démission et refait sa vie aux Etats-Unis, et n’a plus revu Henry depuis cinq ans. Depuis l’attentat qui a coûté la vie à plus d’une centaine de personnes, dans un avion sur le tarmac de l’aéroport de la capitale autrichienne.

Des moments atroces.

Aujourd’hui, Henry est chargé par son employeur de faire toute la lumière sur ces heures noires, car il faut se rendre à l’évidence, l’un d’eux a trahi.

Ce repas gastronomique va très vite se transformer en huis-clos glaçant, où Célia et Henry vont chacun essayer de sauver leur peau.

Certains considèrent déjà que John Le Carré a trouvé son héritier. C’est peut-être le cas, et c’est à découvrir dans cet excellent thriller d’espionnage que vous ne lâcherez pas une seconde.

Dans la main du diable, Anne-Marie Garat, Babel

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En septembre 1913, Gabrielle Demachy, une petite vingtaine d’années, vit toujours chez sa tante Agota à Paris. Elle est orpheline. Ses parents ont perdu la vie dans un accident de train alors qu’ elle est encore tout bébé. C’est sa tante qui l’a élevée.

Quand tout commence, les deux femmes viennent d’être convoquées au Ministère de la Guerre, sans connaître la raison de cette convocation.

Agota, d’origine hongroise, craint d’être expulsée.

Gabrielle pense qu’il s’agit d’autre chose. Qu’on va enfin leur donner des nouvelles de son cousin Endre, le fils d’Agota, qui a disparu depuis de longues années. Endre dont Gabrielle est secrètement amoureuse …

Et les nouvelles ne sont pas bonnes : on leur signale le décès du jeune homme, probablement du côté de Rangoon, en Birmanie. Les autorités remettent d’ailleurs aux deux femmes, une vieille malle remplie de vêtements qui auraient appartenu au malheureux.

Pour Gabrielle, le choc est rude, et elle n’a plus qu’un objectif : comprendre ce qui est arrivé à son cousin.

Elle répond donc à une petite annonce : pour s’occuper d’une fillette, on recherche une institutrice dans la famille bourgeoise d’un médecin spécialiste des maladies infectieuses qui a participé à la même expédition scientifique qu’Endre …

C’est le premier pas vers la vérité …

Gabrielle est engagée et poursuit son enquête … dangereuse … elle ne sait pas vraiment dans quoi elle a mis les pieds. Elle ne sait pas non plus quels sont ses amis, et qui sont ses ennemis.

En 1913, à l’aube de la première guerre mondiale, la voici bientôt prisonnière de secrets-défense …

Anne-Marie Garat signe ici un roman fleuve, 1288 pages pour l’édition poche chez Babel. C’est le premier tome d’une trilogie, dont les deux suivants sont également disponibles chez le même éditeur.  (« L’Enfant des Ténèbres » et « Pense à demain « )

Grâce à une écriture magistrale, une intrigue digne des meilleurs romans d’aventures, des personnages particulièrement attachants, grâce à un style plus qu’élégant, au charme délicieusement désuet, il est quasi impossible de lâcher ce petit pavé.

« Dans la main du diable » est le type même du roman qui fait qu’on rallume la lumière au milieu de la nuit, pour encore lire quelques dizaines de pages … pour savoir la suite de l’histoire …

Magnifique …

La conspiration Kolarich, David Ellis, Pocket

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Une balle dans la tête : Kathy Rubinkowski est assassinée en pleine rue, un soir qu’elle rentre chez elle. Elle allait avoir 24 ans.

Très vite, la police arrête un suspect.  Sur lui, on retrouve des effets personnels de la victime. L’arme du crime aussi .

Ce suspect, c’est Tom Stoller, un SDF à la santé mentale assez chaotique, il est atteint d’un syndrome de stress post-traumatique sévère :  Tom est un ancien soldat américain, de retour d’Irak.

Il semble être le coupable idéal : il a reconnu les faits d’ailleurs,  même si ses souvenirs restent relativement flous.

Pour tous, il est évident qu’il est coupable, et que sa défense va plaider la folie.

Coupable pour tous donc, sauf pour sa tante qui engage l’avocat Jason Kolarich pour défendre son neveu.

Très vite Jason va se rendre compte que cette affaire est loin d’être aussi simple, et petit à petit, pour lui, l’innocence de son client est de plus en plus évidente. Mais il va falloir la prouver, et le temps presse, la date du procès approche.

En étudiant le dossier, Jason et son équipe se rendent compte que la victime détenait des informations qu’elle n’aurait jamais dû avoir, des infos qui pourraient mettre la vie de milliers de personnes en jeu …

Lesquelles ?  Vous le découvrirez dans ce très bon thriller que vous allez dévorer.

Un suspense implacable qui prouve une fois encore que David Ellis est bien parti pour devenir le digne successeur du maître incontesté et incontestable du thriller judiciaire, John Grisham.

La Pieuvre, Jacques Saussey, Toucan Noir

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Quand un coursier parisien est abattu de deux balles dans la tête, les policiers  pensent d’abord à un crime crapuleux.

Très vite pourtant, la police scientifique identifie l’arme avec laquelle le malheureux a été abattu, et là, stupeur, on se rend compte qu’elle a déjà servi, des années plus tôt, en 1992 précisément, pour tuer le juge d’instruction  Heslin.

Un assassinat qui rappelle ceux des juges italiens anti-mafia Borsellino et Falcone.

Pour le commissaire Daniel Magne, qui est l’amant très discret de Lisa, officier de police judiciaire elle aussi et surtout la fille du juge,  il faut reprendre cette enquête à zéro, dans la plus grande discrétion, et impérativement,  ne pas mêler Lisa à ces investigations.

Coïncidence, Lisa  vient justement de quitter Paris. On vient de l’appeler pour la prévenir  que sa mère, avec qui elle a coupé les ponts depuis des années, est en train de mourir dans une clinique de Marseille.

Les retrouvailles n’auront pas vraiment lieu : la dame décède quelques heures après l’arrivée de Lisa.

Pour la jeune femme, le plus gros choc, ce n’est pas la mort de celle qu’elle avait rayée de son existence depuis longtemps, mais bien d’apprendre que celle-ci n’était pas sa mère biologique : chez le notaire où elle se rend pour régler les papiers de la succession,  on lui remet une lettre dans laquelle son père lui explique tout sur ses origines.

Ce qu’elle y lit est absolument terrifiant.

Lisa qui a à peine le temps de digérer la nouvelle avant d’être violemment agressée …

Alors qu’à Paris, les meurtres se succèdent, toujours avec la même arme, celle qui a servi à descendre son père il y a des années …

Inutile d’insister, je ne vous en dirai pas plus sur le pitch …

Ce sera à découvrir par vous-même en dévorant cet excellent thriller, qui fait de son auteur, Jacques Saussey, un des meilleurs du genre en France.

Saussey qui joue ici avec le temps, puisque les meurtres à Paris et les déboires de Lisa dans le Sud se passent à quinze jours de distance…

L’intrigue est absolument passionnante, redoutablement bien construite, l’écriture habile et percutante, les personnages sont plus vrais que nature, le suspense insoutenable, c’est le genre de roman qu’il est impossible de lâcher avant la dernière page.

Vous êtes prévenus…

Le dernier des nôtres, Adélaïde de Clermont-Tonnerre, Livre de Poche

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Manhattan, 1969.

Werner Zilch est assis dans un restaurant quand il aperçoit une jeune femme : « La première chose que je vis d’elle fut sa cheville, délicate, nerveuse, qu’enserrait la bride d’une sandale bleue…  »

Une rencontre, on peut dire un coup de foudre pour Werner. Werner qui a été adopté par une famille américaine au sortir de la guerre, et qui ne s’est jamais vraiment préoccupé de ses origines.

Une passion instantanée aussi pour la jeune femme. Rebecca, la fille d’un des hommes les plus puissants du pays. Rebecca, l’artiste en vue, l’enfant hyper gâtée par son père.

Rebecca et Werner donc.

Qui vont très vite s’aimer. Jusqu’au jour où le jeune homme est présenté à Judith, la mère de Rebecca qui s’effondre quasi instantanément en voyant l’amoureux de sa fille.

Qu’est-ce qui a bien pu provoquer cet évanouissement ? Judith a-t-elle reconnu quelqu’un sous les traits de Werner ? Une chose est certaine, plus rien ne sera jamais comme avant, parce Rebecca disparaît du jour au lendemain de la vie de Werner qui ne comprend absolument rien à ce qui lui arrive.

Dans ce New York si captivant de la fin des années 60, Werner va devoir plonger dans son propre passé pour découvrir la vérité : celle de deux frères ennemis et celle de deux femmes liées par une amitié indéfectible, à Dresde, en 1945, sous une déluge de bombes.

Adélaïde de Clermont-Tonnerre signe une superbe saga, une véritable tragédie sur les ruines de la seconde guerre mondiale.

Un roman impossible à lâcher, tellement on est pressé de connaître le sort réservé à ces héros si attachants. Tellement attachants que « le dernier des nôtres » a reçu, dès sa sortie, le premier prix « Filigranes », mais également le Grand Prix du Roman de l’Académie Française.

« Le dernier des nôtres » a été l’un des premiers romans que j’ai chroniqués ici, sur ce blog.

Je tenais à vous en reparler. Peut-être êtes-vous passé à côté lors de sa sortie en grand format chez Grasset.

Ce serait vraiment dommage de le louper une fois encore, maintenant qu’il est disponible en poche.

Les fidélités successives, Nicolas d’Estienne d’Orves, Livre de Poche

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Guillaume et Victor Berkeley sont frères, et britanniques. C’est Victor l’aîné.

Ils vivent tous les deux avec leur mère et leur beau-père sur une île anglo-normande.

Chaque année, pendant les vacances, ils attendent avec impatience l’arrivée de Simon Bloch, un riche intellectuel parisien, grâce à qui les adolescents ont enfin une ouverture sur le monde et le continent : leur mère n’a jamais autorisé qu’ils quittent l’île.

En avril 39, alors que la menace gronde un peu partout en Europe, l’arrivée de Pauline, la fille de leur beau-père, va complètement bouleverser leur quotidien, et les deux frères, qui étaient inséparables, vont, pour la première fois de leur existence, se déchirer.

Tellement fort que Guillaume prend la fuite et va s’installer dans l’appartement de Simon Bloch à Paris.

Deux jours après son arrivée, l’Angleterre déclare la guerre à l’Allemagne.

Plus rien ne sera jamais comme avant.

Les mois passent.

Les Allemands s’installent et commencent à faire régner la terreur au sein de la population juive. Simon Bloch choisit de quitter la ville lumière, ne s’y sentant plus en sécurité. Il propose d’emmener Guillaume avec lui, mais le jeune homme refuse et reste vivre à Paris, où il s’accommode plutôt bien de la vie avec l’occupant allemand… Dans un milieu où certains artistes, écrivains, journalistes ou acteurs n’ont aucun scrupule à frayer avec les nazis…

Tout cela jusqu’au printemps 42, au moment où Guillaume ne sait plus trop bien qui il est .

Anglais ? Français ? Collabo ? Résistant ? Traître ? Héros ?

Difficile pour lui de savoir réellement quelle existence est la sienne dans cette période si noire de l’Histoire.

Lui, ce jeune homme qui a toujours fait preuve de sincérité envers toutes celles et ceux qui ont croisé son chemin depuis qu’il a fui son île natale. Guillaume Berkeley, si jeune face à ces horreurs, face à toute cette folie humaine…

Nicolas d’Estienne d’Orves réussit la performance de faire revivre ces années de manière passionnante.

Plus de 750 pages. Une brique, et jamais la moindre lassitude.

Au contraire. On adhère immédiatement à cette histoire impossible à quitter, un roman qui déconstruit sans jamais les trahir, les lectures officielles de ces périodes les plus sombres du 20ième siècle.

L’écriture est sensible, rapide, fluide. Elle cultive à merveille toute l’ambiguïté du personnage.

Un roman qui marque, qui pose question aussi  : si vous aviez vécu à cette époque, de quel côté votre cœur aurait – il penché ? Une question dont la réponse semble évidente, mais qui ne l’est pas tant que ça quand on y réfléchit un peu …

« Les fidélités successives », un roman ambitieux, qui aurait mérité au moins une sélection Goncourt …

On regrettera plus tard, Agnès Ledig, Pocket

On regrettera plus tard, Agnès Ledig

Nous sommes quelque part en France, en 2010, dans les montagnes vosgiennes.

Un soir d’orage, on frappe à la porte de Valentine.

La jeune institutrice, qui vit seule dans sa ferme, ouvre, craintive, et découvre un homme qu’elle ne connaît pas, complètement trempé qui tient dans ses bras une petite fille brûlante de fièvre.

L’homme, c’est Eric, et sa petite fille, Anna-Nina, 7 ans.

Depuis des années, ils parcourent à deux les routes de France, dans une roulotte tirée par des chevaux. De manière complètement autonome, à leur rythme, Eric s’occupant de la scolarité de la fillette. Et visiblement, ils sont très heureux ainsi.

L’orage a sérieusement endommagé leur roulotte.

De grosses réparations s’imposent.

Valentine propose alors de les héberger, le temps que les travaux soient effectués.

Les jours passent, Anna-Nina, qui a découvert l’école et la vie sédentaire, se plaît beaucoup dans sa nouvelle demeure.

Va-t-elle réussir à convaincre son père de rester ?

Et pourquoi Eric ne veut-il pas refaire sa vie ?  Pourtant, Valentine ne semble pas le laisser de glace …

C’est le cœur de ce roman si frais, sans être nunuche un quart de seconde.

Avec beaucoup de sincérité, grâce à une écriture simple, efficace, pudique, qui touche au cœur, la très discrète Agnès Ledig fait en sorte qu’on n’arrive pas à lâcher le destin de ces êtres marqués par l’existence.

Un roman bienveillant, qui fait du bien. Vraiment.

Il sera tout bientôt chez vos libraires pour sa sortie en poche.

Et bien dansons maintenant, Karine Lambert, Livre de Poche

Et bien dansons maintenant, Karine Lambert

Marguerite et Marcel ne sont plus des jeunes premiers.

78 ans au compteur pour elle, 73 pour lui.

Après des années et des années de mariage, ils viennent chacun de perdre leur conjoint.

Marguerite a toujours  vécu dans l’ombre de son notaire de mari, et Marcel a perdu celle qui était tout pour lui.

Veuf et veuve, leur vie vient de basculer sans qu’ils puissent y changer quoi que ce soit.

Pour beaucoup, ils seraient condamnés à terminer leur existence dans la plus triste des solitudes.

C’est sans compter sur le destin…

En cure dans les Pyrénées, ces deux-là vont se trouver, et même s’ils n’ont absolument rien en commun, l’amour fera le reste.

Encore faut-il que leurs enfants respectifs acceptent cette relation naissante, car la vie amoureuse des seniors reste toujours un sujet tabou.

L’histoire est touchante, écrite avec beaucoup de sensibilité.

L’amour et le désir n’ont pas d’âge : Karine Lambert le prouve avec ce roman lumineux, généreux, délicat et gai qui fait du bien dans cette morosité ambiante.