1912, Alcamo, Sicile.
Rosetta Tricarico, 20 ans, orpheline, seule au monde, essaie de survivre dans la ferme familiale. Son quotidien est devenu un enfer depuis qu’elle a refusé de vendre au baron local, gros propriétaire terrien, les quelques maigres hectares dont elle a hérité, et sur lesquels elle essaie faire paître ses brebis.
Des terres extrêmement convoitées parce qu’elles permettent l’accès à l’eau de la rivière. La jeune femme ne veut rien entendre. Ces terrains appartiennent à sa famille depuis des générations.
Les menaces, les insultes, les bêtes égorgées, l’incendie des parcelles, il n’y a rien pour la faire changer d’avis.
Même si sa vie est devenue très compliquée, Rosetta refuse toute transaction.
Jusqu’à ce jour où des hommes l’agressent et la violent.
Déshonorée, elle finit par craquer et vend ses terres.
Avec ce petit pécul, elle décide de tout quitter.
Quasi au même moment, toujours en Sicile, à quelques dizaines de kilomètres de là, à Palerme, le fougueux Rocco Bonfiglio, orphelin de 20 ans lui aussi, n’a qu’un rêve, celui de devenir mécanicien.
Mais pour le moment, le jeune homme a d’autres préoccupations. Il vient d’être convoqué chez le chef d’un district mafieux : il a refusé d’être un « homme d’honneur », il ne veut pas avoir la même vie que son père, il ne veut pas faire partie de Cosa Nostra. Il veut être libre. Sans rien devoir à personne.
Il n’aura pas le choix … ou il prête serment et mêle son sang à celui de Don Mimi, ou il meurt.
Il s’incline. Sa vie ne sera plus jamais la même.
A des milliers de kilomètres du soleil sicilien, à Sorochyintsi, au cœur de l’Empire russe, Raechel Bücherbaum, 13 ans, grandit au cœur de sa communauté juive, en essayant de survivre au manque de nourriture, aux températures glaciales, aux pogroms des policiers et des paysans qui ne voient en eux que le mal incarné.
Son rêve à elle, c’est de partir, loin.
Quand une association recrute des jeunes filles pour les envoyer travailler chez de riches juifs de Buenos Aires, en Argentine, Raechel se dit que c’est l’occasion qu’elle attendait. Mais elle a beau insister auprès de son père, il refuse de la laisser partir, estimant qu’elle est beaucoup trop jeune pour un si long voyage.
Quelques heures plus tard, ce père tant aimé est tué lors d’une nouvelle attaque. Raechel ne supportera pas de rester là, à vivre auprès de sa marâtre qui la déteste.
Elle s’enfuit et finit par retrouver le convoi de l’association qui emmène tout un tas de jeunes filles juives vers la promesse d’un avenir meilleur … sur papier …
C’est comme ça que Rosetta, Rocco et Raechel, trois inconnus venus des quatre coins de l’Europe, qui ne devaient jamais se rencontrer, embarquent sur le même paquebot qui va les emmener à l’autre bout du monde, de l’autre côté de l’Atlantique, en Argentine, à Buenos Aires.
Tous les trois ont le coeur plein d’espérance.
Tous rêvent d’une nouvelle vie, beaucoup plus douce que celle qu’ils viennent de quitter sans aucun regret.
A leur débarquement, c’est la désillusion.
Cruelle.
Jusqu’à présent leur existence avait été difficile et pénible … Ils n’ont encore rien vu … C’est l’enfer qu’ils vont connaître dans la capitale argentine…
Trouveront-ils quand même la force de résister ?
C’est à découvrir dans ce magnifique roman, une fois encore, de Luca Di Fulvio.
Un vrai roman, avec une vraie histoire, des rebondissements, du contenu, de vrais beaux personnages pour prendre conscience de la terrible condition des femmes pauvres au début du 20 ième siècle.
Un vrai roman où mafia et prostitution ne réussiront pas à noircir l’âme de ses héros.
A lire sans attendre.