Toscane,Vincent Ollivier, J’ai lu

Toscane

En vrac, nous avons ces trois coups de feu qui déchirent le calme d’un tableau presque idyllique dans un gîte de vacances en plein cœur de la Toscane.

Nous avons des chevaux, le soleil très haut dans le ciel,  la campagne magnifique, le farniente, les apéros, des crostinis et du prosecco à gogo, les repas qui s’éternisent, les cyprès et la douceur du vent.

Le bonheur aurait pu ne pas être trop loin. Il aurait pu, oui.

Mais, il y a ce couple assez mal assorti d’Anglais plutôt fortunés.

Ce banquier d’affaires dont le cynisme n’a d’égal que son assiduité à la recherche d’aventures sexuelles.

Il y a aussi, sans l’oublier, ce jeune policier qui veut comprendre à tout prix.

Nous avons encore ces deux militaires américains en mission en Afghanistan.

Tous les jours à risquer leur vie dans un conflit sanguinaire qui n’en finit pas.

Il y a, comment passer à côté,  la messagerie Twitter qui permet d’échanger des messages de manière quasi instantanée, où que l’on soit sur la planète, quel que soit le milieu dont on provient, Twitter est presque aveugle.

Dans « Toscane », nous avons tous ces riches qui veulent devenir encore plus riches.

Nous avons ces militaires, membres des forces spéciales,  qui voudraient devenir riches tout court, et surtout revenir vivants à leur base puis au bercail.

Nous avons, en vrac toujours, de l’adultère, du détournement d’argent, beaucoup d’argent, et enfin, nous avons un trafic d’armes qui pourrait générer de plantureux bénéfices.

Inutile de préciser que la dolce vita en Toscane ne sera bientôt plus qu’un lointain souvenir sous la plume de Vincent Ollivier.

L’avocat pénaliste signe ici son premier roman.

Une vraie réussite.

Un roman noir porté par une écriture élégante et efficace, et une construction redoutable qui nous fait remonter le temps, en maintenant un suspense continu avant de comprendre dans les toutes dernières pages ce qui s’est réellement passé.

Un roman noir où appât du gain et libido stimulée par la chaleur du soleil vont de pair pour annoncer en filigrane, la gestation, lentement mais sûrement d’un drame.

Nous ne sommes pas très loin de l’excellent polar …

 

Dernier été pour Lisa, Valentin Musso, Editions Points

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En 2004, on les appelait les « Inséparables ».

Lisa, Nick et Ethan ont grandi tous les trois dans une bourgade du Wisconsin, à Black Oak, dans le nord des Etats-Unis.

Nick, le fils du médecin du coin, considère Lisa un peu comme sa soeur.

Ethan, lui, est très amoureux de la jeune femme. Ils forment d’ailleurs tous les deux un joli couple d’adolescents, même si Ethan semble parfois un peu jaloux des regards que portent les autres sur sa petite amie.

Cet été-là, ils terminent leur scolarité secondaire, avant de partir à l’université, loin de leur lieu de vie habituel. Enfin, deux sur trois partiront. Lisa et Nick. Car Ethan ira travailler dans le garage de son père. Les études, ce n’est pas pour lui.

On s’en doute, l’humeur est plutôt morose. Tous savent qu’ils sont au premier grand tournant de leur jeune existence. Ils ont très envie de découvrir autre chose, mais ont peur de l’inconnu, et Ethan est convaincu que Nick et Lisa vont l’oublier très vite dans leur nouvelle vie.

A la fin des vacances, pour goûter encore un peu à la douceur de l’été, et avant de quitter ses amis, Lisa profite de l’absence de ses parents pour organiser une fête chez elle.

Ce sera la dernière …

Un homme qui promenait son chien sur la plage découvre le corps de la jeune femme. Elle a été violemment frappée à la tête avec un objet contondant qu’on n’a jamais retrouvé.

Peu de temps après, Ethan est arrêté et inculpé. Et quelques mois plus tard, condamné à la réclusion à perpétuité.

Douze ans ont passé.

Nick est devenu un écrivain à succès.

Installé à New York, il n’a jamais revu Ethan depuis le procès.

Il n’a jamais été le voir en prison. Il n’a jamais cherché à avoir de ses nouvelles, et il est toujours très mal à l’aise quand on évoque cette affaire avec lui.

Tout simplement parce qu’il n’arrive pas à imaginer son ex-meilleur ami capable d’avoir tué Lisa.

Aujourd’hui, Nick doit retourner à Black Oak. Son père vient de décéder.

Black Oak où, contre toute attente, Ethan, qui vient d’être libéré pour un vice de procédure dans son procès, est revenu vivre.

Immanquablement, pour Nick, les fantômes du passé refont surface.

Il ne peut s’empêcher d’aller voir Ethan, et face à la méfiance des habitants de la bourgade, il va essayer de reprendre l’enquête crapuleusement bâclée à l’époque, pour tenter d’innocenter son ami et trouver le véritable assassin.

Y arrivera-t-il ? C ‘est à découvrir dans cet excellent thriller psychologique très noir et rondement mené.

Une construction impeccable. Une écriture limpide. Un rythme soutenu, un suspense entier jusqu’aux dernières pages sans aucun temps mort …

Il y a du Dicker et du Tropper dans ce « Dernier été pour Lisa ».

Dans la famille Musso, moi je demande Valentin …

 

 

 

Beau ravage, Christopher Bollen, Collection Points

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Ian Bledsoe n’a plus grand chose à faire à New York.

Son père, un magnat de l’alimentation, spécialiste du petit pot pour bébés, vient de mourir, alors qu’il était seul à son chevet.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Ian n’a aucune envie d’assister aux funérailles auprès d’une famille recomposée qui ne lui veut pas que du bien depuis son retour d’Amérique centrale.

Là où, lui, le futur riche héritier, a été accusé de s’être converti l’extrême gauche et de fomenter un attentat pour saboter l’usine de son propre père.

Cherchez Ian Bledsoe sur Google. Tapez mon nom dans un moteur de recherches. C’est ce qu’ont fait tous mes employeurs potentiels depuis mon séjour au Panama. Ma faute y est racontée dans le moindre détail, archivée pour la postérité dans le cloaque historique collectif.

Dans ces conditions, c’est très compliqué pour Ian de retrouver du boulot, ce qui a inévitablement des conséquences désastreuses sur ses finances. Il est complètement fauché.

Ce qui l’amène à reprendre contact avec son ami d’enfance, son ancien meilleur ami, Charlie.

Charlie, dont les parents étaient encore plus riches que ceux de Ian, est aujourd’hui installé au milieu de la mer Egée, sur l’île de Patmos, où il a lancé une société de location de yachts pour vacanciers aisés.

L’objectif de Ian est très clairement de demander de l’argent à son ami, pour essayer de se refaire une santé financière. Il se rend donc sur cette île de rêve, mais rien ne se déroule comme il l’avait prévu.

D’abord, Charlie n’accède pas à sa demande. Au lieu de lui prêter de l’argent, il lui propose de devenir son bras droit dans sa société.

Même si Ian n’y connaît absolument rien en navigation, ni en yachts, il n’a pas vraiment le choix et accepte la proposition qui semble néanmoins alléchante.

Ensuite, alors que Ian commence à peine à prendre ses fonctions, Charlie disparaît sans laisser aucune trace, laissant sa petite amie et son entourage dans l’inquiétude. Une disparition que Ian couvre, bien malgré lui durant les premières heures.

Avec son installation sur l’île paradisiaque, Ian pensait tourner le dos à ses problèmes …

Ils ne font que commencer.

La descente aux enfers n’est pas loin …

Sur Patmos, on ne fait pas que se dorer au soleil, draguer les filles et s’envoyer des shoots de vodka … et les amis ne sont pas toujours ceux qu’on croit.

On a connu Christopher Bollen avec Manhattan People et plus récemment avec Long Island.

Beau ravage est son troisième roman. Son écriture est élégante et efficace.

Dans une histoire assez addictive finalement, malgré quelques longueurs et quelques lenteurs, impossible de lâcher ces 663 pages avant de connaître le fin mot de ce suspense où argent, amitié et jalousie se bousculent.

Un excellent choix pour l’été et les vacances.